mardi 25 juillet 2017

Cinquante ans



Je n'ai pas su prendre le temps
de te dire combien je t'aime.
Tu n'auras jamais 50 ans,
tu ne peux plus sentir la peine
et le remord qui couvent à feu lent

dans mon coeur, mon corps et mes veines.
C'est comme une course contre le temps.
Tu reviens la nuit dans mes rêves.
Je m'accroche à toi et je crie :
"Oublie, je t'en supplie, revis !"
Ma voix, balayée par le vent
s'échoue en écho sur la grève.
"C'est trop tard ! - murmure le temps
Il fallait l'aimer, mais avant.
Il n'aura jamais 50 ans"







mercredi 27 janvier 2016

PS : Comment se tirer une balle dans le pied ?

Comment perdre ses derniers électeurs ? François Hollande, en fin stratège, a trouvé l'arme ultime : pousser Christiane Taubira vers la porte. 
Il est beau mon gouvernement. Il brise le dernier rempart qui faisait exister encore, à mes yeux, l'idée d'une gauche humaniste, intelligente et cultivée. Enfin nous avions une ministre "couillue", qui osait prendre des positions. Une femme qui n'avait pas peur d'exploser en vers devant une Assemblée misogyne et aigrie pour défendre le Mariage pour Tous. 



Une personnalité cinglante qui a eu l'outrecuidance de s'opposer à Hollande dans le débat autour de la déchéance de nationalité.  Une prise de position qu'elle paie aujourd'hui. Parler vrai, en politique, c'est un peu comme traiter son patron de con : mieux vaut trouver vite l'issue de secours avant de se prendre un coup de pied aux fesses.
Elle est digne, ma Garde des Sceaux. Elle a senti le vent tourner. Elle est rusée. Elle reviendra. 
Moi en attendant, quitte à voter, je vais éviter les livreurs de pizzas et les ministres de gauche droitisants. 
Ciao, je lève les voiles, je bascule ailleurs. Je retourne ma veste, toujours du bon côté. Yé, yé.

samedi 24 octobre 2015

Maman,

On ne court pas après le temps, pas plus qu’on ne le rattrape je le sais. Et pourtant maman, je donnerais tout pour te prendre dans mes bras. Après, ça irait mieux. Je le sais.
Je n’ai pas eu le temps de te dire adieu. Pas eu le temps de te dire merci.

Aujourd’hui, j’ai le coeur qui saigne. Et les yeux qui débordent de toi.  C’est ton anniversaire mais tu ne mangeras pas d’orangettes au chocolat.

Ce n’est pas tant le fait que tu es morte qui me bouleverse. C’est juste que les regrets me rongent. M’asphyxient. Me submergent.  
Je n’étais pas là pour te bercer quand tu souffrais. Je n’étais pas là quand ton âme s’est échapée. J’aurais pu essayer de la retenir encore un peu, juste le temps de te dire je t’aime, une dernière fois.
Quand je suis arrivée dans ton île, ton corps était bien froid. Je t’ai serrée. Fort.  
M’as-tu entendue quand je t’ai pleuré ma détresse ?
Je n’ai pas su prendre soin de toi. Pas deviné qu’une saleté de crabe noir te grignotait les os. Pas compris que tu allais mourir si vite et si loin.
On peut apprivoiser ses peurs, mais pas la douleur. Vivre avec l’absence, je peux maman, mais avec les remords, c’est difficile.
Toi qui m’a tant aimée jusqu’à cheviller ton être au mien aux dépends de mon équilibre, reviens juste en songe m’oter de mes doutes, mes angoisses et ma peine pour me dire : Vis.
Puisque tu n’as pas su être heureuse, donne moi la force de dévorer la vie. De renaître chaque matin affamée et curieuse. De m’endormir chaque soir épuisée mais sereine.
Aide moi à aimer, à donner, partager. Aide moi à retrouver le regard émerveillé qu’un enfant porte sur toute chose, et je serai plus forte pour construire tout autour de moi des chateaux en Espagne... Puisque c’est l’espoir qui nous porte, les rêves qui nous transcendent, aide moi à décider que la vie est un cadeau.

Bon anniversaire,

Tifanny.

mercredi 7 janvier 2015

Une seule arme : la culture !


Quand toutes les démocraties auront vécu leur 11 septembre, l’horreur prendra-t-elle fin ? Ce n’est pas une question, elle n’a pas de réponse. Depuis des années, nous plongeons doucement dans l’obscurantisme en courbant nos échines. France, j’ai mal à la Liberté, à l’Egalité mais surtout, à la Fraternité…


Pour nous, en France, le 7 janvier 2015 marque la fin d’un règne. Celui de la Liberté de la Presse.  Presse chérie, presse décriée, mais presse libre. Presse menacée souvent, presse tuée aujourd’hui.  Abattue de sang froid, sans pitié. Lâcheté, ignominie. Nous sommes hébêtés.
Mourir pour un dessin vaudrait bien un remake mais Brassens n’est plus là. Geluck, malgré sa peine, nous a concocté ça :



La comparaison est osé mais c’est dans la caricature que nous puisons les forces de rester indépendants, d’esprit, de religion. Alors oui, nous avons vécu, nous aussi, un 11 septembre.
Nous sommes tétanisés. Nous ne comprenons pas. Alors nous écoutons les intellectuels s’exprimer. J’ai entendu des choses réconfortantes. Et puis j’ai lu la réaction de Salman Rushdie : “La satire doit pouvoir s’appliquer aux religions”.
Mon poil s’est hérissé. “Doit pouvoir” ???
Faut demander l’autorisation à qui ? A Dieu ? Mais quel Dieu ?
Quel Dieu serait à ce point con pour tuer ceux qu’il a enfantés ?

Faut séparer le grain de l’ivraie. Dieu a bon dos pour expliquer l’innomable. L’horreur.
Le fanatisme se nourrit de l’ignorance. Chaque année, des milliers de jeunes en déshérence sont recrutés par une hydre à mille têtes qui brandit une image falsifiée de la réalité.
Oui, le monde va plutôt mal mais non, ce n’est pas nouveau.  Il en a même toujours été ainsi depuis qu’Eve a croqué la pomme.
Tuer au nom de Dieu n’est pas un scoop. Parce que Dieu est une métaphore pour la soif de pouvoir qui provoque la jalousie, pour l’échec, qui engendre la vengeance. Ce Dieu là est un Veau d’Or. Il a toujours existé. N'est-ce pas Moïse ?
Ce que le monde offre en plus aux forces occultes aujourd’hui, c’est la puissance d’un réseau pour recruter, organiser la haine, instaurer la peur. Au nom d’un Dieu, ça pourrait être au nom d’une race. Au nom de n’importe quoi.
Il n’y a qu’une arme pour lutter contre ça : la culture. Conjuguée à l’information et la dérision, la culture est un pouvoir. Voilà pourquoi nous avons si mal aujourd’hui. L’hydre a frappé juste en détruisant ceux qui nous informent avec légèreté et intelligence.
Luttons. Pour eux. Pour nous. Luttons sans haine, sans amalgame. Nous n’avons pas peur.
Nous sommes Charlie.



  

jeudi 20 novembre 2014

Raphaël a rejoint la lune


Il avait 23 ans. Il s’appelait Raphaël. C’était un enfant qui se croyait éternel. L’avenir devant lui. Il est mort en Syrie. Bordel.

C’était un pêcheur de lune. Ainsi les surnomme-t-on, les habitants de ce village de l’Hérault. Pescalunes….
Raphaël, prêcheur de runes. Pêcheur de rêve. Prêcheur des rues. Echoué dans une mosquée pour donner quoi. Un sens à ta vie ?
A Lunel… Tu as délaissé ton existence pour le vouer à dieu. Mais quel dieu ? Quel dieu peut prôner la haine, la mort, le désert, la misère, l’absence, la déshérence ? Quel dieu pour vouloir la mort d’un enfant ?
Ce dieu là, moi, je souhaite le voir griller en enfer. Pour tes parents, Raphaël et pour tous les parents du monde victimes de guerres de religion. Un expression barbare, digne d’un autre temps. Même les animaux sont plus intelligents.

Raphaël, envoyé par dieu, un autre que le tien, pardonne mon errance, pour rencontrer Sarah et perpétuer la descendance d’Abraham.
Raphaël, archange chez nous mais chez les musulmans aussi. Dans le coran, il était écrit que tu soufflerais dans la trompe pour annoncer la fin du monde. Enfin de notre monde. L’heure du jugement dernier...
Parce que personne, chez toi, chez nous, en France, dans l’Hérault, à Lunel, à deux pas de chez moi, n’a pu sauver tes espoirs, petit pêcheur de lune.
Pescalune. Ta mort ne sert à rien.
Car le coran précise : “Lors du jugement dernier, un second soufflement de trompe réveillera les morts afin qu’ils soient jugés sur leurs actions”. 
Israfil, as-tu un frère à sacrifier ?


Repose en paix.

dimanche 26 octobre 2014

Apprendre à vivre sans toi.


Quand tu es partie maman, je n’ai pas ressenti grand chose, peut-être même une forme de soulagement. Parce que tu tu étais déjà loin. Déjà dix ans que la vie t’ennuyait. La vie te tuait, te rongeait. L’anxiété permanente. La solitude…
La nouvelle est tombée, j’étais dans ma cuisine. On s’y attendait depuis deux jours. C’est court deux jours pour se faire à la mort, maman. C’est court.
J’ai raccroché ce maudit téléphone. Happée par le vide, j’ai vécu en apesanteur. C’était un mardi.

J’ai bu pour ne plus avoir mal. J’ai pleuré des seaux de larmes. Puis j’ai pris cet avion. Dans un état second. A ce moment là, encore, je ne suis pas bien sûre de mes sentiments. Etait-ce de la douleur ? De la peur ? Je ne sais pas car si j’avais su maman, si j’avais su...
Si j’avais su nous aurions tant parlé. Si j’avais su j’aurais tout envoyé bouler, les clients, le boulot, les enfants, pour un avion plus tôt.
Si j’avais su j’aurais pris soin de toi. Tu ne serais pas repartie mourir dans ton île, maman. Tu serais restée près de moi.
Quel détour pour rien ! Je suis allée chercher tes cendres là-bas et aujourd’hui elles sont près de moi. Dans ce bureau que tu aimais tant. Auprès de tes photos, de tes objets et de tes aquarelles. Un mausolée en somme. Ma manière à moi de faire mon deuil.



Quand j’ai embrassé ton corps, froid; ton visage, lissé par la mort, alors j’ai compris. C’est fini. Ce n’était jusque là qu’une illusion à laquelle je ne croyais pas. Je ne te croyais pas capable de mourir sans m’attendre, maman. Pourtant tu l’as fait. Je veux croire que tu ne l’as pas fait exprès, maman.  Je veux croire que tu ne l’as pas fait exprès.

Je t’ai prise dans mes bras. J’ai respiré ton odeur. Tu étais belle. Sereine. Apaisée, enfin. Alors je t’ai parlé. Et tu m’as entendue. Je crois même que tu m’as souri. Je crois, oui.

Le lendemain, je suis revenue mais ton âme, elle, s’était envolée et j’ai eu froid.

Quand ils ont fermé ton cercueil, mon sang s’est figé comme le tien. Alors c’était bien ça... J’allais devoir apprendre à vivre sans toi ! 
Et je t’entends me dire :
-       “A ton âge Fanny, il serait temps !”
Tu as raison maman, mais je suis ton enfant.
Je vais apprendre à vivre sans toi, maman, mais j’ai besoin de croire que tu vas m’aider. Pour l’instant, j’attends. Un signe. Un rien. J’entends le silence. Il est assourdissant. C’est peut-être pour ça que je ne perçois pas ta présence. Alors, maman, fais taire ce silence…
Je t’aime.